Il y a quelques semaines, j’assistais avec trois amies au plus beau bal costumé de ma vie. Il avait lieu au château de Versailles, dans la superbe galerie des glaces où il nous a été permis de nous rendre en robe d’époque. Comment y participe-t-on ? Comment fait on pour sa robe ? Doit-on être une pro de la couture pour faire ce genre de chose ? Dans ce premier article, je vais te parler des préparatifs. Dans un deuxième article, je te raconterai la création de ma robe de bal puis dans un dernier article l’événement en lui même. Prête ?
Allô Alicia, un bal costumé ça te dirait ?
Ayant l’habitude de traîner mes guêtres dans le milieu des fans de costumes, j’avais entendu parler des Fêtes Galantes, un des deux events costumés se déroulant à Versailles. Mais n’ayant pas vraiment de copines françaises partantes dans ce genre de délire, je n’avais pas encore sauté le pas.
Mais ça, c’était avant que Céline me demande si cela me tenterait ! Autant j’ai horreur des gens qui imposent leur passion aux autres alors que l’intérêt n’est pas là, autant si on me demande de venir sur mon terrain de jeu favori… Je ne me ferai pas prier !
Février 2019 à peine entamé, bam, nous voilà en train de réfléchir à prendre nos billets…
Fêtes Galantes Késako
Le château de Versailles ne t’autorise pas à te balader costumé lors d’une visite classique. En bonne partie car ils ont déjà suffisamment à gérer comme ça sans rajouter ta robe à paniers qui risquent de renverser un vase tricentenaire.
SAUF durant deux occasions, Le Grand Bal Masqué et les Fêtes Galantes, organisées depuis trois ou quatre ans. Le Bal Masqué est un genre de soirée en boite (donc avec musique moderne) qui se déroule dans l’Orangerie, une des dépendances du château, et en partie dans le jardin.
Les Fêtes Galantes sont une occasion de remonter le temps plutôt qu’une occasion de tressauter sur le dernier David Guetta. Ayant déjà mon comptant de fiesta moderne avec Halloween, j’étais plutôt tentée de participer à une vrai reconstitution.
Ce sera donc les Fêtes Galantes !
Qui peut participer ?
Je te rassure, toi aussi tu peux y participer. Il ne s’agit pas d’une club ultra sélect réservé aux gurus du costumes. La seule limitation est bien sûr… le Prix.
Ces dernières années, le château de Versailles est passé à la vitesse supérieur niveau animations. On n’en ai plus à trois conférenciers vaguement déguisés : Spectacles de pyrotechnie, Grandes Eaux Musicales, Concerts de musique classique etc… Il y en a pour tous les goûts ! Et cela attire les foules : nous étions 600 pour cette éditions des Fêtes.
Même Louis doit être un peu envieux de cette offre pléthorique…
Pour les Fêtes Galantes, un budget de 250€ minimum est à prévoir, entre le billet d’entrée (135€ pour la première formule) et la location ou création de costumes.
C’est chéro mais tu dépenses probablement plus lors de tes virées Soldes d’été et d’hiver. Comme bibi ne fais pas les soldes…
Il n’empêche, ce n’est pas rien ! Après quelques semaines de recule, j’ai trouvé que cela en valait laaaargement la peine, un avis partagé par mes amies qui ne sont pas des dingues de costumes.
Quel billet choisir ?
Le prix varie principalement en fonction du nombre d’activité incluses dans la soirée. Pour la première formule « Marquis et Marquise » (135€) on accède à l’événement principal et deux activités à choisir entre danse, visite ou concert. La formule d’après » Duc et Duchesse » (260€) rajoute un buffet nourriture et champagne à volonté et quelques activités en plus.
C’est celle que nous avons choisi et c’était sans regret ! Attention à ne pas avoir les yeux plus gros que le ventre sur les activités, la soirée a beau commencer à 7h30 et se terminer à minuit, tout cela va passer très très vite ! Et ce sera à toi de ne pas te laisser étourdir par le champagne et de te rendre à l’heure à ta visite.
Idéalement, il faut prendre les billets dès qu’ils sont disponibles car tu choisis ensuite ta combinaison parmis une liste impressionnantes (3 choix d’appartements à visiter, plusieurs horaires de danse, 2 salles de concerts etc.) et dont les meilleurs combinaisons partent le plus rapidement.
Nous avons pris les nôtres en Mars (l’événement est fin mai) et certaines options n’étaient déjà plus dispo.
Ah et aussi, l’événement est un lundi soir, vu le temps nécessaire pour se préparer dignement (3h min dans notre cas) mieux vaut prévoir son après midi de libre !
Les billets papiers sont à apporter impérativement sur place, pas de photos ou autre on est encore à l’ancienne.
Ciel, que vais-je porter ?
A partir d’ici tu as deux options.
Soit tu sais coudre et je te montrerai dans le prochain article comment j’ai créé ma robe à la française.
Soit tu ne sais pas. Car oui, tu peux participer à un bal sans pour autant avoir à coudre ton costume.
C’était le cas de deux de mes amies qui sont donc passées par un loueur. Il n’y a aucune honte à cela, tu profitera tout autant de ta soirée en costume loué que si tu fais tout de A à Z.
Bon ok, presque autant. Mais c’est un autre débat.
Le site du château propose une liste très complète de lieux où louer le sien. Voici quelques conseils pour être sûr(e) de faire le bon choix une fois dans la boutique.
Voici ce qu’indique le site du château :
« il est indispensable de venir vêtu(e) d’un costume de qualité de style baroque »
Autant dire que ce n’est pas très précis… En admettant que tu ne sois pas un ou une puriste voici quelques conseils pour passer la barre :
La bonne « inspiration »
Si ton délire est d’avoir un costume qui ressemble à quelque chose d’historique, la référence ultime ne doit pas être un film mais plutôt… un tableau. Il y a des débats infinis sur les libertés que prennent tous les costumiers du théâtre et du cinéma avec la réalité historique.
Pour te simplifier la vie et si tu souhaites voir un costume en mouvement, voici une liste de shows qui sont généralement reconnus comme de bonnes sources d’inspiration pour une robe Louis XV – Louis XVI
- Les Liaisons Dangereuses (version Glen Close, of course)
- Marie Antoinette (version Sofia Coppola, pas 100% juste mais très proche)
- Harlots (très beaux costumes milieu du XVIIIème)
- Outlander (sauf les costumes de Claire de la deuxième saison, très inspiré Dior)
Le « fit »
Sans même parler de la qualité du tissu ou de la coupe, on reconnaît souvent un costume loué à comment il « va » à une personne. Il ne doit pas flotter mais au contraire être aussi près du corps que possible sans passer dans la case « boudiner ». A l’époque on ne cherche pas le confort mais le paraître: à Versailles tu es sur un théâtre et tout le monde te regarde. Ce sera donc sein pigeonnant, taille marquée et hanches démesurées !
Tu n’as pas trouvé la perle rare ou ta taille n’est pas standard ? Choisi le un peu plus grand et fais quelques retouches pour reprendre à point léger une manche qui flotte ou un décolleté qui baille (le cas échéant, enrôle Mamie pour t’épauler)
La « bonne » forme
En fonction de l’époque de ton costume (plutôt Louis XIV, Louis XV ou Louis XVI) la forme recommandée ne sera pas la même. Mettons que tu optes pour la forme la plus courante : la robe à panier Louis XV.
Il te faudra de quoi créer une forme de panier sous la jupe et de quoi rigidifier le buste. Si ton loueur te propose un corset à la bonne forme et des paniers : impeccable. Si ce n’est pas le cas tu devra te tourner vers un bricolage maison.
Pas mal d’option abordable existent sur Etsy si tu cherches des panniers façon Marie Antoinette.
Dans tous les cas, évite à tout prix la crinoline ronde, elle date du milieu du 19ème, bien après l’époque baroque. De même, le corset ne doit pas se voir, on oublie donc les costumes de pirate au rabais qui dépassent au niveau du décolleté.
Si tu possèdes un modèle genre guêpière un peu gainant ça peut passer aussi. L’idée est de recréer la forme : plat devant et derrière, large sur les côtés.
Voici un modèle d’époque pour te donner une idée de la bonne forme :
Le « bon » tissu
Ce dernier critère est le plus facile je trouve. Il s’agit plus d’éviter les erreurs grossières que de rechercher la perfection. Sous Louis XV, (1730 – 1775 environ) on porte beaucoup d’unis. Je les recommande plutôt que les motifs de fleurs ou de volutes où il faut être connaisseur pour séparer le bon grain de l’ivraie.
Niveau teintes on fuit comme la peste les couleurs trop vives : à l’époque, pas de teintures chimiques qui donnent les vert électriques, les roses qui piquent les yeux ou les bleus trop vifs. La photo ci-dessus montre le « max » qu’on peut choisir en matière de couleurs flashy.
Mes préférées ? Celles que j’ai le plus vu sur des tableaux d’époque, soit toutes les nuances de pastel à l’exception du jaune qui peut être plus vif : bleu ciel, rose poudré, jaune d’or, vert céladon, beige.
Côté texture, on évite le satin sur-brillant, le mat rendra plus chic. Une couturière qui a un peu de métier peut en général repérer le satin polyester imitant très mal la soie, en revanche les teintes moins clinquantes font souvent mieux illusion. On choisit ensuite un tissu avec de la tenue (un peu raide) pour former de jolis plits.
Idem pour les galons de décoration : pas trop brillant. En revanche à cette époque on adore les rubans métallisés alors il ne faut pas hésiter si cela va avec l’harmonie du vêtement !
Et pour les accessoires, on fait quoi ?
Point difficile : les chaussures ! J’ai tranché pour le pragmatique sur cette question. Nos robes cachaient 99% de nos pieds et jambes avec seulement le bout du pied qui dépassait. J’ai donc abandonné les talons (avec ton corset tu te tiens suffisamment droite comme ça) et opté pour une forme correcte « pointue » qui passait à peu près.
Niveau bijoux, on se rabat sur les valeurs sûres : des perles (surtout si tu en possèdes de jolies). Mon collier par exemple n’était pas de la bonne époque mais il faisait illusion… et brillait agréablement autour de mon cou !
#VanitéQuandTunousTiens
Pour la coiffure, il ne faut pas avoir peur d’y aller sans perruque avec des cheveux courts. À l’image de la belle Céline ci-dessous, nous avons réalisé une « tête de mouton » que tu peux reproduire en fixant les boucles avec de simples pinces plates à cheveux.
Le côté gris vient du fait que nous avons poudré les cheveux, je t’en parlerai la prochaine fois. En attendant tu peux aller jeter un oeil ici qui raconte ma première création de ce genre de coiffure.
La fleurs vient d’une couronne Claire’s partagée entre nos quatre coiffures.
Evidemment libre à toi de faire ce qu’il te plait. De nombreux participants ont détourné le dress code pour lui donner un côté Lolita Japonaise du XVIIIème et c’était très sympa aussi à regarder. Le principal est de s’amuser !
C’est fini pour la partie préparatif, la prochaine fois je te parle de ma robe à moi…
Ça t’a donné envie de participer ?
La bise
Alicia