Bon certes, la Saint Valentin est passée, mais déjà les jours rallongent et on a furieusement envie de changer sa garde robe pour adopter couleurs chatoyantes et motifs nian-nians à souhait spécial printemps. Ni une, ni deux, cela me donne du courage pour finir un corset XVIIIème resté inachevé au fond d’un placard. Plutôt époque Louis XVI, rouge et beige, pas du tout correct historiquement… ça vous tente quand même ? C’est par ici !
Corset, demi corps, pièces d’estomac et
autres noms barbares…
Ce coup-ci, je ne vous ferai pas de cours d’histoire sur le corset. Si vous êtes curieux/ curieuse, je vous laisse regarder ce très bon article du blog defilendentelle, qui vous donne moutles détails sur la chose. Celui que je réalise est « semi-baleiné ». C’est à dire qu’il n’y a pas QUE des baleines rigides qui font mal. Ce corset « fin de siècle » est plus conforme à l’esprit post lumière : on abandonne les carcants pour des vêtements plus fonctionnels, même pour les tenues d’apparat. Bon et puis une certaine Marie Antoinette (même si je suis loin d’être une amoureuse transie du personnage) a aussi su mettre un coup de pied dans la fourmilière pour décontracter du slip une France encore soumises aux principes rigides de l’étiquette.
Un exemple de corset « visible » en velours, il donne une bonne idée de la construction du bazar. Celui-ci est entièrement baleiné même s’il est bien sûr moderne.
Un exemple début du siècle : 100% baleiné, 100% ouïe ouïe ouïe for the doudounes (et regardez moi cette taille surréalisme ! Bon après, comprenons-nous bien, ce genre de chose ne se portait pas tous les jours, c’était surtout pour les robes d’apparat à la Cours ou pour un mariage hein…)
Un modèle fin de siècle (désolée, la photo est très mauvaise, c’est issu de la top expo « la mécanique des dessous » de 2013) : le « baleinage » a diminué, il descend moins bas et l’ensemble parait quand même plus confortable à porter.
L’inspiration
le matos :
- 1 patron (le mien c’est celui-là de chez Butterrick)
- 1 m de tissu en trois matières : 1 tissu pour l’extérieur du vêtement (ici une toile de jouy, je recommande le tissu d’ameublement, bien résistant et souvent un peu moins cher), 1 tissu de renfort (pour créer les couloirs de baleines), 1 tissu de doublure (coton léger ou autre, pourvu que ce soit doux au contact de la peau : le bazard se porte sans rien en dessous !)
- 4 / 5 m de baleine à corset en plastique pas trop large ni trop petite
- 1 pince coupante, genre bricolage pour sectionner les baleines. Ça fait un bruit assez chelou,
comme si vous coupiez les ongles de pieds d’un très gros troll: ne vous étonnez pas, c’est normal ! - des oeillets (3 boites de 36 minimum, il faut mettre la dose !) Les puristes les feront à la main mais j’avoue avoir une flemme monstre pour ce genre de snobisme, peut être un jour…
- 2/3 m de biais, plus si vous souhaitez border tout le tour de votre chef d’oeuvre
- 4 m de lacet
- 2 m de ruban (croisillons devant + attaches des bretelles)
Pleins d’autres inspirations sur ce thème >>> sur le tableau Pinterest dédié
La construction : on s’attaque à la toile
Pour une première dans un sous-vêtement historique, j’ai commencé facile.
Nan je blague, c’est plutôt un exercice qui fait peur quand on commence à lire un peu à droite et à gauche… En vrai ? C’est loooooong mais pas si compliqué si on est patient. Il faut surtout arriver au bout des conduits pour les baleines sans avoir envie d’attaquer sa machine à la hache.
Première étape quand on est pas trop sûre de soit : faire une « toile ». C’est à dire un premier essai sur un tissu cheap (ici un vieu drap en lin). Il faut aller jusqu’à l’assemblage des pièces et le laçage pour vraiment estimer si le corset convient ou pas. Pas de panique, on peut récupérer une grande partie des baleines qui seront à la bonne taille pour le « vrai ».
premier essai : l’écartement de poitrine était trop important. (et oui monsieur aime regarder le foot, ma vie est tout à fait passionnante)
Les traits bleus correspondent aux couloirs pour les baleines .
Pour un meilleur ajustement, j’ai ouvert également le devant, ce qui m’a permis de resserrer l’écartement poitrine pour que cela aille mieux. Pareil, pas très histo mais plus pratique pour ajuster sur les doudounes…
Le montage
On découpe les 3 morceaux qui constituent le corset (devant, côté, dos) en 6 exemplaires chacun, puis on assemble : couche par couche, côté par côté.
Ensuite, on place envers (côté sans motif) contre envers le joli tissu et le tissu de renfort. On coud les couloirs pour les baleines en suivant les indications du patron. Enfin on place les baleines coupées à la bonne taille dans les couloirs et on assemble les 3 morceaux. Ça doit donner ce que vous avez sur la photo ci-dessus.
tadaaaa !
Prochaine étape : la doublure
Bon ce n’est pas obligatoire mais surement bien plus confortable : on rajoute une couche pour finir le corset et qu’il n’y ait pas de fils qui pendent partout.
Même si ce n’est pas intuitif, on va coudre cette épaisseur là SUR le tissu à motifs (ça s’appelle « endroit contre endroit ») pour ensuite le retourner et avoir un joli bord bien net et fini.
une fois retourné, pour une couture nikel, on fait une piqure « nervure », c’est à dire une couture tout au bord dut tissu pour conserver les épaisseurs bien à plat.
On constate que ma doublure à L’aire un peu trop petite et… c’est le cas. C’était la famine côté tissu et je voulais avancer donc fuck la doublure.
Les fignolures girly
Vous aimez les chichis ? les rubans en veux-tu en voilà ? les frisettes mousseuses ? Faite vous plaisir, l’époque était moins timide en la matière que nous ! Pour ma part je me suis juste amusée à rajouter un biais rouge pour finir le bas du corset pour un rendu rouge sympathique…
Et le rendu final ?
Vous l’aurez bientôt c’est promis, dès que je serais venue à bout de ce fameux biais justement !
La bise
Alicia
C’est génial, je découvre ton blog, ça me donne très envie de tester le corset mais je sais pas si j’aurais le courage…. En tout cas il me tarde de voir le tien fini !!
Hello Iza,
Merci, c’est pas mal de boulot mais l’avantage c’est qu’on voit rapidement à quoi ça va ressembler. Petit tips’ que j’utilise souvent pour ne pas me décourager : à chaque fin de « session » couture je me débrouille pour avoir quelque chose à essayer (même couvert d’épingle pour que tout tienne) comme ça je vois ce que ça donnera une fois fini, c’est en général assez gratifiant ! Ensuite j’installe ma création sur le mannequin (bon après il faut accepter que ça reste en display, ça c’est une autre histoire…) comme je la vois tous les jours, ça me motive ! tu me diras si tu te lance au final ou pas ;-). Bon courage !
C’est vraiment impressionnant comme projet de couture !!! Vraiment bravo !!!!
Merci Mathilde !
C’était au final plus facile que je ne le pensais, juste un peu long ;-).
Bonjour, super projet ! Merci pour le lien vers le patron, pourrais-je avoir un lien vers le rendu final également ? Ça m’intéresse. Cdlt, Heloise
Bonjour Héloïse, je peux t’en envoyer une par Instagram si tu veux, envoie moi un message ici : https://www.instagram.com/atelier_marquise/?hl=fr