Le look « Tudor style » : le blanc de céruse

Vous l’aurez deviné, l’exposition Les Tudors au palais du Luxembourg est l’occasion de revenir sur les tendances beautés façon XVIème siècle.  Blanc de céruse, mercure… N’y a-t-il que des mauvaises idées à retenir ?

C’est l’occasion de faire le point en commençant par le terrible blanc de céruse.

jeune fille céruse

Pâle comme un linge tu resteras

Il faut se faire une raison, à l’époque le joli hâle doré si chère à nos minois modernes avait zéro potentiel swaggy. Un peu comme aujourd’hui on mesure l’importance de son interlocuteur à la qualité de son « tanning », à l’époque, l’équation était vite faite :

bronzage = vie à l’extérieur = paysanne

pâleur = vie de château = princesse

C’est cette bonne vieille Catouche (de Médicis) qui introduira le vers dans le fruit. En s’installant à la cour de France, elle apporte d’Italie, sorte de New York de l’époque en matière de tendances, la mode des cosmétiques avec pour dominante le blanc et le rouge.

Façon DIY, tu le prépareras

Pour se procurer du blanc de céruse (autre nom de l’oxyde de plomb), on file chez son apothicaire fétiche (ou un membre de la corporation des parfumeurs – gantiers). Autre option, on se la recréé maison façon « DIY ». Pline l’Ancien (oui oui, le monsieur qui parlait en latin) expliquait déjà comment la fabriquer :

  • mettre du plomb dans des pots de vinaigre qu’on laisse bouchés dix jours
  • racler la « moisissure » formée
  • la broyer, la tamiser, la chauffer, la laver à l’eau douce, la faire sécher
  • et, enfin, en faire des pastilles.

On en rêve déjà ! Mais on ne s’arrête pas là…

La complexité des préparations est de rigueur au XVIème siècle. Réduite en poudre, la céruse est mêlée à des produits végétaux, eaux de fleurs, jus de fruits, vinaigres, huiles, gommes… ou /et à des produits d’origine animale, graisses en tous genres, œufs, cire … Souvent, elle est aussi associée à d’autres produits minéraux ou métalliques : vif-argent, sel de tartre, alun, soufre, camphre, litharge d’or et d’argent.

Bref, du sens-bon cache misère et du corrosif qui tâche pour renforcer l’effet….

 BB crème de l’époque 

Même à l’époque, la denrée est chère mais qu’importe, en même temps que le blanchiment de la peau, elle va gommer toutes imperfections dont l’acné (pas d’eau précieuse oblige) et surtout les stigmates de la petite vérole, qui laisse la peau grêlée (un peu comme l’acné, donc, on y revient) et fait des ravages dans ce XVIème pas toujours très clean clean. Que votre peau soit hâlée, à tâche de rousseurs ou même à tendance « boutonneuse », ou ridée : hop, la BB crème de l’époque vous efface tout ça !

Effets secondaires : je joue E.T sans maquillage 

Oui, bon, evidemment, il y a un petit bémole…

Il faut accepter quelques petits à côtés, puisque les preparations métalliques ont tendance à “noircir, corroder les dents et à rendre l’haleine puante”. Bigre.

Et en effet, les effets secondaires entrainent mort par phtisie et autres réjouissances… Même si on connait ses effets nocifs dès le XVIème siècle, on accuse les fards en général et les coquettes continuent à l’utiliser, faisant fi des bigots jusqu’au XVIIIème.

reine 2

Il n’y a qu’a voir la tronche d’Elisabeth vers la fin de sa vie…

Hum. Scary. Pas la ceruse donc.

Source :Document pour l’histoire des techniques, Céruse et cosmétiques sous l’ancien régime, www.cnrs.fr

Curieuse d’aller croiser les Tudors en peinture sans avoir à traverser la Manche ? Courrez vite à l’exposition ouverte jusqu’au 19 juillet 2015. Outre une meilleure connaissance de cette période riche que l’on traite très peu dans nos cours d’histoire frenchy, vous y découvrirez les portraits les plus connus « en vrai » des personnages comme Anne Boleyn, Henri VIII ou encore Elisabeth Ière accompagnés d’une foule de documents insolites de l’époque.

D’autres idées beauté ?

 

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