La question se pose pour toutes les apprenties réalisatrices de robes à froufrous : c’est bien joli tout ce volume, mais comment fait-on pour se transformer en mini montgolfière portative? Autrement dit, comment créer ou récupérer une crinoline digne de ce nom pour une somme correcte ?
Petit historique rapide de la crino’
La crinoline, c’est « made in XIXème siècle », avant on parle de « paniers » (XVIIIème) ou encore avant de « vertugadins » (XVIème) même si c’est un peu la même histoire. Mais nous y reviendrons dans un autre poste.
Un panier XVIIIème gigantesque pris en photo lors de l’expo du tonnere sur les sous vêtements au musée des arts décoratifs…
La crino’ donc, c’est l’alliage du « crin » de cheval et du « lin » (d’où son nom ? Oui tout à fait, petite maline). A la base, ce n’est pas encore une succession de cerceaux mais de jupons rigides (grâce au crin ? oui c’est bon vous suivez !).
Dès 1820, après Waterloo et tout le tralala, on quitte progressivement la mode « empire » près du corps pour gagner en volume et à partir de 1830, on commence à trouver que le volume réparti tout autour des jambes, c’est in. Les femmes se mettent à superposer les jupons pour ressembler vers 1850 à de véritable petits culbutos mobiles avec pas moins de 7 jupons les uns sur les autres. Pas très pratique toutes ces épaisseurs qu’il faut porter hiver comme été et chéro le mètre de tissu à une époque où H&M, Toto et le prêt-à-porter n’existent pas encore.
La crinoline en crin avec superposition de jupons, pratique pour cacher les grosses fesses
1856, bam ! Un petit malinos américain (W.S Thomson) dépose un brevet pour une crinoline « cage » légère et suffisamment rigide pour supporter le poids de la jupe. Révolution industrielle oblige, la maîtrise des alliages métalliques crée de nouvelles utilisations qui touchent aussi la mode. L’armature de la crinoline que l’on connaît est donc constituée de barres de métal plat, solides et légères, reliées entre elles par des rubans.
« Allez zou, je saute dans ma crino et on y va ! » à l’origine du mythe (faux évidemment) selon lequel une femme met toujours 2 plombes à se préparer…
La crinoline ronde telle qu’en portent les princesses de Disney ne dure en réalité que très peu de temps, c’est pourtant une des formes qui a le plus durablement marqué l’histoire de la mode.
Dès 1860, soit à peine 4 ans plus tard, le volume « dégonfle » et on passe rapidement à une « tournure » et des « faux culs » où tout volume est rejeté vers l’arrière.
A noter, si aujourd’hui on raille les « jupes ceintures » un peu trop courtes ou encore le retour de l’horrible caleçon cycliste, ou du pantalon 7/8, à l’époque c’est pareil. La crinoline, accessoire qui ne passe pas vraiment inaperçu, est un des sujets préférés des caricaturistes qui s’en donnent à cœur joie !
Un petit problème de feu semble-t-il…
Pour créer la robe Scarlett, j’ai eu moi-même besoin d’obtenir un tel objet… car il faut être sûr d’avoir sa crinoline pour adapter la jupe à la taille de cette dernière.
Volume XXL : mode d’emploi
Ce qu’on trouve dans le commerce, en particulier pour les robes de mariée n’est souvent pas adapté. Soit c’est une jupe trapèze qui ne donnera pas le forme souhaitée, soit il s’agit de jupons de tulle superposés qui ne supporteront pas le poids d’une jupe de bonne ampleur.
On peut aussi trouver des kits sur « Thread & Needles » par exemple, mais ce n’est pas donné (170/300 dollars) ou encore sur ce site.
La solution ultime ? Les mariées chinoises ! Oui vous savez celles qui viennent se prendre en photo sur le pont Alexandre III en grande meringue blanche ! Et bien au pays de Lao Tse, la robe de mariée façon « My fat gipsy wedding », c’est encore très très à la mode (je sens que vous ferez plus attention la prochaine fois que vous en croiserez… héhé). J’ai donc dégoté ce beau bébé sur ebay et deux semaines plus tard, hop ! Je recevais un paquet.
Gérer la bête une fois réception
Surprise, une crinoline est très souple, elle se range donc facilement dans un sac de taille moyenne une fois qu’on l’a pliée en faisant des 8 avec les armatures métalliques.
La petite madame chinoise vous montre comment on fait. Bon évidemment, c’est un peu comme la tente 2 secondes il y a ceux qui y arrivent et… ceux qui ….bref on s’est compris
Idem, il ne faut pas s’inquiéter de ne pas pouvoir passer les portes : l’engin se plie de même pour vous laisser passer (ouf !).
Si vous êtes sage je vous montre bientôt des photos de ma crino’ dans tous ses états…
Et vous, déjà tâté du sous vêtement historique ?