Cette année 2022 j’ai expérimenté des grosses périodes de déprime. De dépression même. J’en ai tirée plusieurs leçons qui aideront je l’espère celles et ceux qui sont dans mon cas. Je veux les aider à utiliser la couture comme thérapie douce. Dans cet article, je te livre mes réflexions sur comment coudre en mode déprime … en attendant que ça aille mieux évidemment !
Comment j’en suis venue à te parler de ce sujet
Sans rentrer dans trop de détails personnels, cette année 2022 a été une succession de montagnes russes émotionnelles. Des périodes de grandes joies, suivies de grandes déceptions où j’avais l’impression de m’être prise un 35 tonnes dans la figure.
Moi qui définissais ma personnalité par une bonne humeur inaltérable, je dois bien dire que ce coup-ci j’ai connu quelques périodes très sombres. N’ayant jamais eu ce genre de problème avant, j’étais assez désarmée face à cette épreuve.
J’ai du réapprendre à créer et coudre en contournant ce poids terrible qui te cloud sur ton canapé à regarder dans le vide plutôt que de sortir ta machine à coudre.
D’ailleurs j’écris cet article autant pour moi que pour toi, histoire de trouver du positif dans une expérience douloureuse. C’est mon côté prof que veux-tu, on ne se refais pas.
1. C’est ok de faire une pause
Cela fait 9 ans que je couds, 4 ans que j’en ai fait mon métier (je suis prof de couture à Barcelone et en ligne). J’adore ça et je ne me vois pas arrêter ou faire autre chose tant j’ai encore de projets à explorer dans ce domaine.
Pourtant après un gros contre-coup émotionnel, je me revois en train de fixer ma machine sans avoir le courage de rien commencer.
Certains artistes puisent leur inspiration dans leur âme torturée et incomprise. Et bien je ne dois pas être une artiste dans ce cas là, car je dois dire que la déprime me coupe toute envie de créer. Créativité zéro. Productivité à néans.
Tout me semble futile et inutile dans ces moments là. A quoi bon terminer cette jupe ? Je n’ai même pas envie de la porter.
Tu me diras : et alors ? Laisse le de côté pour quelques temps.
Certes.
Mais quand ton gagne pain en dépend, il y a de quoi flipper.
Et plus généralement, on définit souvent sa personnalité autour des activités qui nous font vibrer. Parfois au-delà même de son travail de tous les jours.
On peut être comptable la semaine (sorry les comptables, je vous aime quand même) et passionnée d’escalade le weekend. On peut travailler à la Mairy d’Issy les Moulineaux le jour et être gameuse le soir.
Si on n’a soudainement plus du tout envie de pratiquer cette activité du jour au lendemain, il y a de quoi se remettre en question.
Avec le recule de l’expérience, j’aborde maintenant ce genre de doute existentiel avec plus de sérénité. C’est très largement le fruit de la déprime qui parle dans ton cerveau. Ce cocktail détonnant d’hormones qui te fait venir ces pensées noires angoissantes.
Que faire ?
Accepter. Là tout de suite tu ne peux pas. Mais c’est ok de faire une pause. Ta machine sera encore là dans quelques semaines quand tu voudras reprendre.
Personne ne va venir te reprocher de n’avoir rien cousu cet hiver ou d’être en retard. Ce n’est pas une course mais une activité qui doit rester un plaisir.
Tu a raté le coche pour participer au défi X ou Y de je ne sais quelle instagrameuse ? C’est pas grave, il y en aura d’autres.
Tu ne finiras cette robe d’été qu’en décembre ? A priori le soleil brillera de nouveau l’été prochain et tu pourras la porter à ce moment là.
2. Teste d’autres activités manuelles
La couture n’est pas un sport facile. Il faut du temps, du matos, de l’organisation, une vision de son projet, de l’esprit de décision. Parfois tu n’as juste pas l’espace mental pour t’exposer à ça et en tirer une gratification.
Et c’est ok.
Si tu veux continuer à créer (perso j’ai besoin d’avoir les mains occupées sinon ma vie quotidienne n’a plus trop de sens) teste des activités manuelles plus lights.
Que faire ?
Au 1er coup dur, je me vois encore me jeter à corps (coeur ?) perdu dans le crochet. Je m’y suis mise en douceur, avec une prof presque particulière pour avoir le moins d’effort possible. Je cherchais des projets répétitifs et faciles, que je pouvais réaliser du fond de mon canapé avec 2 de tension.
Au 2ème coup dur, nouvelle passion : les perles. Et bam, me voilà en train de ressortir le petit stock que je me trimbalais depuis 15 ans sans jamais en profiter. J’ai trouvé un plaisir certain à enfiler les perles une par une. Rien de technique, rien de compliqué, juste de belles matières premières entre mes mains et un joli résultat que j’ai pu offrir à mes proches.
Maintenant que je connais leur pouvoir, je ressors ces activités « pansement émotionnel » quand j’en ai besoin. Je ne les pratique pas avec autant de régularité que la couture, mais j’ai plaisir à les retrouver dès que j’ai un coup de blues.
3. Arrête avec l’obsession de vider ton stock
On stresse parfois pour des choses franchement absurdes. Dans mon cas, je me suis permise cette année quelques virées shoppings tissus franchement thérapeutiques et assumées comme telles. Moi qui fait attention à ma consommation de tous les côtés (je n’achète pas de vêtements neufs, je réutilise et répare au maximum avant d’acheter neuf etc.) c’était plutôt une extravagance que je ne m’autorise pas toujours.
Mais dans les circonstances ça me faisait un bien fou.
Problème, je me mettais ensuite à culpabiliser sur la taille de mon stock qui ne bougeait pas (là où d’habitude je m’astreins à un rythme soutenu pour équilibrer les entrées et les sorties.)
Voir cette pile de tissus mal rangés qui ne bougeait pas depuis des mois me contrariait. La faute à Mary Kondo sans doute, et à mon petit guilty pleasure : regarder des vidéos de hoarders tout en triant un tiroir.
Que faire ?
2 choix.
Soit tu trouves le courage de trier un peu et de donner certains anciens tissus pour avoir la sensation de vider un peu. Les coupons que tu as acheté sans trop savoir quoi en faire par exemple seront les 1ère victimes. Ils sont là « au cas où » et si tu es honnêtes avec toi-même tu sais que tu n’auras jamais le courage de passer le temps nécessaire pour en faire quelque chose de bien.
Où alors tu décrètes que c’est ok de laisser les choses en bazar. Tu rangeras et trieras mieux quand ton espace mental te le permettra. Et c’est ok aussi.
4. Crée pour toi, sans la pression de rien partager
En analysant mon blocage, je me suis rendue compte que l’aspect partage en ligne me ralentissait.
J’ai maintenant une assez grosse communauté en ligne de 13k followers sur Instagram. Comme cette plateforme est aussi un outil de travail, j’ai à coeur de partager régulièrement du contenu de qualité.
L’animation d’un compte instagram professionnel est un travail quotidien auquel je me consacre depuis le lancement de mon activité il y a 4 ans. Ça me plait et j’y trouve beaucoup de positif : m’inspirer, inspirer les autres, aider et rencontrer des couturières à travers le monde…
Ma façon de produire du contenu régulier facilement est de filmer pendant que je couds. Cela me permet ensuite de transformer ce que je fais en leçons faciles à digérer pour mes élèves.
Mais là je n’avais juste plus la foi. Je voulais pouvoir avancer rapidement sur un projet facile sans m’arrêter toutes les 3 minutes pour vérifier que mes mains soient bien dans le cadre, que la luminosité soit bonne…
Que faire ?
J’ai donc sciemment choisi des projets que je n’allais pas transformer en tuto ensuite.
Et c’est ok, j’ai déjà beaucoup de contenus en cours de montage, il sera toujours temps de tourner un nouveau tuto quand le moral me donnera envie de coudre une nouvelle version de cette mini jupe ou de ce pantalon.
Toi aussi quand tu reprends en douceur, commence par le projet qui te mets du baume au coeur. Il peut être aussi utile qu’un débardeur en plein hiver. Peu importe, commence par ce qui te fait le plus envie.
Dur de se décider ? Fais une Amélie Poulain : passe ta main sur les tissus de ton stock. Lequel te donne le plus envie de le transformer en quelque chose ?
Ne te préoccupe pas de rationaliser si tu en as besoin ou pas, laisse-toi guider par la sensation et le plaisir de créer. Il sera bien temps de revenir à ton cerveau cartésien quand tu auras de nouveau toutes tes facultés.
5. Ça va revenir, ne t’inquiète pas
Quand tu n’as jamais été en dépression de ta vie, tu ne te rends pas compte que cet état est passager. Dès que tu ne seras plus la proie de ces sombres humeurs, tu retrouveras tes facultés et ton moral de d’habitude. Ça tu ne le vois qu’après, une fois que tu seras passé de l’autre côté de la montagne.
Pourtant c’est ce qui arrivera.
Mon état dépressif était lié soit à un traitement spécifique soit à un événement personnel triste. Mais dès l’arrêt des médicaments ou dès la période de deuil passée, je me suis sentie mieux et la créativité est revenue.
A l’heure où j’écris ces lignes je ne suis pas encore au top de ma forme et je sens encore les fantômes de la déprime qui me tournent autour.
Un moment tout va bien, un autre je sens les larmes qui me montent aux yeux.
Mais je sais que ça passera.
Si cette pensée peut t’aider, trouve du réconfort dans mon expérience. Après une année difficile, j’envisage 2023 mieux armée face aux prochains challenges. Je sais comment utiliser mes activités manuelles pour me soulager quand j’en ai besoin, sans pression.
J’ai aussi appris à ajouter d’autres outils à ma panoplie : voir un psy, aller faire du sport, parler avec ses amis quand on en a besoin…
Et j’espère que cet article t’aidera toi aussi ! Viens en discuter avec moi sur Instagram si tu en as envie, ça fait toujours du bien de ne pas se sentir en solo dans sa galère.
Bonsoir,
Juste un petit coucou après ce poste sur la « déprime ». Oui l’atmosphère est lourde parfois en ce moment et je vous souhaite pleins d’agréables moments à nous partager pour 2023.
Perso je vais attaquer « ma 1ère robe XVIIIème » avec une amie et vos expérience à ce sujet sont précieuses et me font comprendre qu’il faut y aller tranquillement.
En tout cas mille mercis et très bonnes fêtes de fin d’année.
Au plaisir de vous suivre, prenez soin de vous
Bien amicalement
Véronique
Merci Véronique pour ton message ! J’aimerai beaucoup mener à bien porter un projet historique en 2023 car 2022 n’a pas été très productif sur ce front ! Je vais voir si je me motive pour les fêtes galantes auxquelles je retournerai bien mais qui représentent pas mal de logistique vu que je vie en Espagne… Bon robe XVIIIème en tout cas ça va être top ! Alicia
❤️❤️❤️
😉
Bravo pour cet article ! Je partage tout à fait ces réflexions. Chez moi j’ai aussi identifié comme frein le fait de partager ensuite sur internet (faire des jolies photos etc). Quand j’ai eu du mal, j’ai repris la couture avec des choses très simples (des lingettes par exemple, répétitif, pas besoin d’y passer des heures etc). De mon côté j’aime aussi beaucoup la broderie pour m’occuper les mains. Bonne année 2023 !
Bonjour Delphine. Ouiiii il faut vraiment que je me remette à broder cet hiver, j’ai tout un kit broderie or mais je n’avais pas l’inspiration… je vais essayer de trouver bon bonheur bientôt hé hé